six juillet deux mille : Plusieurs amis, Dora et Lena avez décidé de faire la fête - comme à leur habitude - jusqu'au bout de la nuit. Ils étaient tous ivres mort, mais inconsciemment, il décidèrent de rentrer chez eux avec leur propre moyen de locomotion. Dora et quatre amis étaient partis dans l'une des deux voitures, et Lena dans l'autre avec trois autres. Quand on dit qu'il faut absolument éviter de risquer sa vie dans cet état .. Evidemment, le lendemain matin, rien n'était plus pareil. Plus d'ici d'Izzie, plus de Greg, que Dora et elle, avec quelques légères blessures. Le choc, c'était qu'elles étaient les seuls à avoir survécu. La culpabilité aurait pu les atteindre et les détruire de jour en jour, mais à deux, elles ont réussi à surmonter ça. Elles regrettaient de ne pas avoir pris un taxi ce jour-là, ça aurait plus prudent. Mais à quoi bon s'acharner sur le passé ? Le destin avait fait son travail, elles n'avaient plus qu'à vivre avec, qu'elles le veuillent ou non.

2010. Je pensais que la vie qui allait s'en suivre me réserverait de bonnes choses. Mais, j'avais tort. Complètement tort en fait. Je n'aurais jamais pensé que ma vie basculerait de cette façon. Si j'avais su, jamais je ne me serais rendue au Canada pendant six mois. Les six mois les plus marquantes de ma vie. Je m'y étais rendue pour faire un stage et finalement, tout ne s'était pas déroulé comme prévu. Comme par hasard, la seule stupide faute que j'ai fait, celle de tomber amoureuse. Je n'ai jamais été gâté question amour, ça s'est toujours mal terminé mais pas aussi mal que ça. Personne n'est au courant, hormis ma cousine qui m'a retrouvée, complètement détruite. Julian. J'avais cru que c'était l'homme de ma vie, celui qui me faisais rêver le jour comme la nuit, celui qui ne me ferait jamais de mal. Là, j'avais parlé un peu trop car .. il était loin d'être celui que je pensais durant les trois premiers mois de notre relation. Un soir, alors qu'on était tous les deux invités à une soirée organisée par des amis en commun, j'ai eu le malheur d'accepter de danser avec un garçon autre que lui. Sur le moment, je trouvais ça normal, puis ce n'était qu'un simple ami et Julian n'avait pas l'air de désapprouver son choix. Mais, lorsqu'on rentra à son appartement - et oui parce qu'en plus, j'ai eu l'idée de passer ma nuit avec lui après cette soirée - il me montra clairement que je n'aurais jamais dû faire cela. J'avais l'impression d'être devant un monstre, un homme sans âme et sans coeur, capable du pire, surtout pire .. C'était tout d'abord une dispute, avec des haussements de voix, rien de plus normal jusqu'à qu'il me frappe une fois. Puis, deux. Et trois. Ainsi de suite. Je n'avais jamais vu un comportement pareil en vrai, à part dans les films comme Enough, de Jennifer Lopez. Je criais, le suppliant d'arrêter mais évidemment, il ne m'écouta pas. D'ailleurs, ce n'était pas tout. Il voulait absolument me faire du mal jusqu'au bout, donc il me viola. J'étais complètement pétrifiée quand finalement, il termina de me détruire. Il était bizarrement heureux de m'avoir fait subir ça. Je m'étais retrouvée comme morte dans ce lit, à côté de lui qui s'était endormi au bout de quelques minutes. Je n'arrivais plus à bouger, je ne savais pas où allait avec ces marques sur le visage, sur le corps enfin partout. J'étais tellement mal, que je ne pleurais même pas. Le lendemain matin, celui-ci dormait encore, heureusement pour moi. Cela m'a permis de m'enfuir, seulement je ne savais pas où allait. Je ne voulais pas rentrer chez mon père dans cet état, ça aurait causé des problèmes monstres. Alors, la personne qui me restait c'était Brooke. Ma cousine, celle qui me supportait durant ces mois au Canada. Elle était la seule sur qui je pouvais compter sur le moment, bien que j'aurais pu appeler Dora pour qu'elle ramène ses fesses illico presto à Toronto, mais celle-ci ne répondait pas à mes coups de fils SOS. J'étais d'autant plus perdue quand mon unique meilleure amie n'était pas là à ce mauvais précis où tout basculait dans ma vie. [...]

juin 2010. « T'es sûre de vouloir repartir à Southampton ? Tu sais, tu peux toujours rester ici, cela fait qu'un mois que ça s'est passé donc ça serait peut-être mieux que tu prennes ton temps, non ? » Il est mignon quand même mon papa. On vivait à des kilomètres l'un de l'autre, mais j'ai l'impression que par rapport à ma mère, c'est lui qui me connaissait le mieux. Je n'avais pas envie de le laisser mais il fallait que je reparte à Southampton. C'était vital. En plus de cela, ne pas savoir où est Dora me faisait d'autant plus flippé. Alors, je pris mes cliques et mes claques et je partis, gardant un sourire figé pour éviter de penser à ces six mois atroces. Je savais à présent qu'en arrivant dans mon île, je vais pouvoir vivre ma vie comme je l'avais laissé.
Pourquoi à chaque fois que je pense que ma vie redeviendra un peu plus normale, il faut toujours que je me retrouve dans une impasse ? A mon retour à Southampton, je pensais revoir tout ceux que j'avais abandonné pendant ces six longs mois. Mais, à mon arrivée à l'appartement, il n'y avait que Drea, Camcam et Figaro. Je n'étais vraiment pas étonnée de les trouver là à vrai dire. Notre appart' était comme le spot de tous nos amis, donc c'était logique de retrouver ces deux-là sur notre canapé. J'étais toute heureuse de les voir, d'ailleurs, en leur sautant dessus, ça s'était vu de suite. « Bon maintenant, où est Dora ? Que je lui botte les fesses ! » Et oui, parce que ces deux-là ne sont pas au courant de ce que j'avais vécu au Canada mais je n'étais pas non plus la seule cachotière dans l'histoire .. « Et ben Lena .. c'est que .. » Je regardais Cameron, tentant de m'avouer la vérité mais comme il ne s'en sortait pas, je repris la parole en fronçant légèrement les sourcils. « Qu'est-ce que vous me cachez tous .. ? Andy, dis quelque chose, où est Dora ? » Je détournais alors mon regard vers Andrea, qui était encore plus mal à l'aise que Cameron, et il finit par se jeter à l'eau. « Elle est partie .. il y a trois mois .. à New York .. » Là, c'était le choc. Je ne comprenais pas pourquoi, ni comment elle aurait pu s'en aller sans même m'avoir mis au courant. Cela me dégoutait royalement de la part de celle que je considère comme ma propre vie. Les deux garçons n'y pouvaient rien, je n'étais pas en colère contre eux, ce n'était nullement leur faute. C'était celle de Dora, et la mienne également. Je n'aurais jamais dû partir pour le Canada et la laisser seule aussi longtemps. Ceci me fit réfléchir, et malgré les arguments de ces deux-là, je n'avais aucunement envie de rester. J'avais surtout besoin de retrait, histoire d'avaler la nouvelle. Au bout de deux jours, je repartis pour Toronto en me faisant à l'idée que je passais finalement après pour Dora désormais.

octobre 2012. Il y a quelques jours, Lena était venue rendre visite à Drea à son appartement. Il pleuvait des cordes, mais elle était désespérée et ne savait pas vers qui se tournait. Normalement, ça aurait été Dora mais elle se voyait mal se pointait devant les Beckenridge et oubliait qu'elles ne se parlent plus depuis un an. En temps normal, Lena serait venue se réconforter dans les bras de Drea et ça aurait fini au lit. Mais, là, la situation était complètement différente et la jeune femme a plus besoin d'un confident qu'un amant à ce moment précis. Les cheveux et les vêtements trempés, elle sonna à la porte en larmes. Lorsqu'il ouvrit, Drea resta quelques secondes devant elle, à la regarder sans bouger. Sans perdre une seconde, il la prit dans ses bras et l'emmena à l'intérieur, à l'écart de tout regard indiscret du voisinage. Lena ne cessait pas de pleurer et n'arrivait même à pas sortir un mot de sa bouche. Andrea revint avec un serviette qu'il mit sur les épaules de Lena, et tenta une approche, s'inquiétant de plus en plus. « Je suis là pour toi Lena .. Dis-moi ce qui se passe. » Plongeant son regard vers le sien, Lena prit son courage à deux mains et se décida à lui annoncer la nouvelle. « Drea .. il y a trois mois, j'ai .. enfin Cam et moi, on a .. » Drea avait du mal à suivre mais petit à petit, à force de repenser à ces quelques paroles, il eut une illumination. Ça expliquerait tout. « Lena, tu ne serais pas .. » Les messages télépathiques, c'était leur truc. Ils n'avaient pas besoin de finir leurs phrases pour que l'autre comprenne. D'ailleurs, le regard que lui lança Lena à ce moment-là confirmait toutes ces réflexions. Elle était enceinte.