Je reviens. Parvint-elle à dire à Caleb, à travers la musique qui résonnait au Friday Night Bites. Il acquiesça de la tête, mais elle s’éloignait déjà. C’était lui qui l’avait frocée à se bouger les fesses, ce soir-là. Elle avait simplement prévu une soirée films d’horreur - comme si, même sans ça, elle n’avait pas suffisamment la trouille - avec son thé habituel. Et puis Caleb avait débarqué, lui rappelant toutes ces fois où c’était lui qui n’était absolument pas motivé et qui était sorti juste pour elle, pour lui faire plaisir. Halloween, c’était sans aucun doute la fête préférée de Dora depuis l’enfance. Elle avait toujours aimé cette ambiance. Woodsbnoro ne faisait jamais les choses à moitié à cette période de l’année, et que cela soit durant la quête de friandises lorsqu’elle était gamine ou les fêtes en grandissant, elle avait toujours apprécié. Caleb l’avait donc laissée en plan sans idée de costume pour accompagner Devon faire le tour du quartier. La soirée annuelle au Friday Night Bites, la bande y allait tous les ans. Et ce n’était pas parce que le petit groupe partait en vrille qu’ils allaient s’en dispenser, n’est-ce pas? Du coup, elle était restée fixée devant sa garde robe pendant dix minutes. Pas question qu’elle ressorte les vieux déguisements des années précédentes. Et puis, elle était tombée sur un tee-shirt vert, ce qui lui donna une idée. Par dessus, elle enfila des bretelles et une jupe qui lui arrivait au dessus du genou bleues. Elle avait même trouvé une casquette verte - elle parvenait même à en oublier qu’elle avait ce genre de choses dans son armoire - histoire de finaliser son déguisement. Caleb s’était foutu de sa gueule en la voyant et lui avait conseillé ne plus jouer à Mario pendant plusieurs semaines, mais soit, Luigi était dans la place! Elle s’était maquillée plutôt sobrement mais un peu plus que d’habitude, avait enfilé de légers collants - ben oui, on était en octobre quand même - et des talons noirs vertigineux. Et voilà qu’elle s’était retrouvée à travers la salle du FNB, sur des talons d’on ne sait combien de centimètres, en essayant de ne pas se ramasser dans la gueule dans la foule dansante. Une silhouette familière, déguisée en Catwoman, qui ne lui avait pas l’air en forme s’était éclipsée. Dora essaya de la suivre, tant bien que mal, avant de terminer dans les toilettes féminines. Elena?

« Andy .. je me sens pas très bien. » Dit-elle avant de partir presque en courant aux toilettes. Ce soi-là, Andrea l’avait quasiment forcé à enfiler le costume qu’il lui avait spécialement acheté pour la soirée au FNB. il savait très bien qu’elle allait refuser, mais cela faisait une semaine qu’elle se refusait de sortir, de voir du monde, son monde. Il préférait la voir bourrer que déprimer, en quelque sorte. N’ayant pas le choix, elle mit donc ce costume de Catwoman, qui mettait ses formes en valeur, même un peu trop. On se demande pourquoi il avait choisi celui-là .. Des talons, et un coup de rouge à lèvres, et la voilà prête à affronter les monstres de Woodsboro. Lena appréhendait vraiment mal la soirée. Bon, cela faisait un bon moment que la team Doleck et elle ne se captaient plus, mais ce qu’elle redoutait le plus : c’est Cameron. M’enfin, Andrea n’arrêtait pas de lui lancer des petites phrases d’encouragements pendant la soirée, la forçant à profiter maintenant qu’elle est là. Elle s‘apprêtait à manger un truc au buffet, un petit four qui avait l’air appétissant. Mais, au moment où elle se rapprocha de la nourriture, elle eut comme un moment de dégoût. Sans doute, les hormones. Elle partit donc en vitesse dans les toilettes, et heureusement pour elle, personne n’était là. Lena s’enferma dans une cabine et vomit, accroupie devant la cuvette. Rien de bien élégant pur une Catwoman. Au moment où elle se releva, elle entendit une voix familière. Une voix qui lui manque un peu plus chaque jour. La jeune femme tira la chasse et sortit, la main sur la bouche. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Question stupide, mais elle ne voulait pas lui annoncer la nouvelle maintenant, du moins pas aux toilettes.

C’était un truc de fou. Comment sa meilleure amie lui manquait. Un peu plus, chaque jour. Dora aimait vivre avec Zeck (aimait Zeck tout court aussi, d’ailleurs), mais Elena lui manquait, bien plus qu’elle ne l’avouerait jamais. Que cela soit en tant que coloc ou meilleure amie. Leurs délires, leurs conversations lui manquaient. Et puis, elle n’avait pas besoin de cela en ce moment. Elle avait besoin d’elle et allez savoir pourquoi, son instinct lui disait que c’était la même chose chez Elena. Malheureusement, Dora ne préféra pas se fier audit instinct, cela lui semblait impossible que Liev avoue qu’elle avait besoin de Blackwood. Bliev ou pas, elles restaient en froid. Qu’est-ce qu’il y a ? Dora ne savait pas trop quoi lui répondre, à ce moment là. Tu me manques? Ou alors simplement lui demander si elle allait bien? Elle hésita un instant, se mit à jouer avec sa gourmette. Elle releva les yeux, croisa le regard de Liev. Ses yeux n’étaient pas durs, comparés aux éclairs qu’ils lui lancés passé un moment. Peut-être était-ce le moment d’enterrer la hâche de guerre? C’est moi qui devrait te demander cela. Elle baissa les yeux, observant le bout de ses talons neufs. C’était rare qu’elle fasse cela. Mais jamais elle ne s’était retrouvée dans cette situation face à Elena. Ca aurait été n’importe qui d’autre, elle aurait gardé la tête haute, même que Liev aurait été à ses côtés, pas face à elle. Mais Lena, c’était tout sauf «n’importe qui d’autre». Elle prit une grande inspiration, et se lança. Après tout, qu’est ce qu’elle avait à perdre à ravaler sa fierté? Je sais que je dois sans doute être une des dernières personnes auxquels tu voudrais parler, mais tu me manques.. Elle avait été incapable de voir Elena comme son «ex» meilleure amie, durant tout ces mois. À chaque message qu’elle recevait, elle espérait qu’au fond, c’était Lena. Un simple «on peut parler?» ou autre chose. N’importe quoi.

Lena avait beau faire sa tête de mule, mais une chose était claire, Dora lui manquait énormément. Même plus. Elle était le pilier primordial de sa vie, rien ne se passait sans qu'elle lui en parlait. C'était tout avec Dora et seulement avec elle. Elle connaissait sa vie par coeur, a vécu des moments tragiques comme magiques avec elle. Mais, depuis son retour du Canada, il y a un an, ce n'est plus pareil chez les Bliev. Blessée, déçue, elle n'arrivait pas à faire l'impasse sur le fait que Dora n'ait même pas essayé de la joindre pendant presque un an. Depuis, c'est le néant. Plus de Bliev, plus rien. Lena regardait Dora, ne sachant pas quoi lui répondre. Normalement, elle lui aurait dit naturellement qu'elle vit un enfer mais c'était impossible. Trop fière de l'admettre ? Elle avait surtout l'impression de ne ps être assez importante pur Dora. Elle savait qu'elle avait des soucis, mais c'était comme si elle était trahie de ne pas avoir pu traverser toutes les épreuves avec elle. Alors, elle s'approcha silencieusement d'un lavabo, et se rinça le visage et les mains. Attrapant un mouchoir dans son sac, elle s'essuya le visage. Lena tourna tristement la tête vers Dora, et fut ensuite surprise d'entendre sa révélation. En temps normal, ça aurait été Lena qui craquerait mais là, elle eut les larmes aux yeux d'entendre ses paroles. « Dora .. » Elle se mordit la lèvre, en se demandant comment elle devait réagir. La prendre dans ses bras ? Non, elle préféra garder cette petite distance pour le moment. « Tu me manques aussi Blackwood. Plus que tu ne le crois. »

Bliev, sans Liev, c'était Blackwood toute seule. Enfin, elle n'était pas toute seule, absolument pas. Elle avait Zeck, Caleb, Devon, Drea, peut-être même Cameron, bien qu'ils étaient un peu en froid depuis cette histoire de drogue. Elle n'était pas seule. Mais il y avait toujours cet espèce de sentiment de solitude qui restait, malgré tout. Ce sentiment que Blackwood n'arrivait à combler avec aucun Beckenrdige et encore moins avec l'italien. Il lui fallait sa sœur, sa jumelle. Avant même leurs naissances, tout était fait pour qu'elles soient ensemble, soudées envers tout et n'importe quoi. Elles avaient toujours tout traversé ensemble et puis, il avait fallu que Lena ne soit pas là au bon moment, que Mr Blackwood en mette une couche de trop et que Dora craque et quitte Woodsboro pour aller se planquer à New-York, en ne laissant derrière elle qu'un SMS adressé à Caleb et un désolée sur le frigo. Quand elle était revenue, elle avait l'impression qu'Andrea et Cam ne lui avaient pas tout dit, mais ce n'était qu'un vague sentiment. Rien à côté du fait qu'elle savait qu'elle avait raté des choses dans la vie de Lena et que cette dernière n'ait pas été là quand ça allait mal. Comment avaient-elles fait, elles qui avaient toujours tout fait ensemble, pour en arriver là? Elle savait que Liev ne s'attendait en rien à ce qu'elle avait dit. En vrai, c'était toujours Lena qui faisait le premier pas. Ben oui, Dora était trop fière et ça lui faisait toujours un mal de chien d'avouer ses tords, de dire ce qui lui tordait l'estomac. C'était toujours Elena qui revenait après une embrouille. Et comme cette fois, Liev ne semblait pas vouloir bouger, c'était Dora qui l'avait fait. Elle la regarda aller vers les lavabos. Ça n'allait pas bien. Elle le savait bien. Si elle pouvait faire quoique ce soit pour se racheter, elle le ferait. Dora .. Elle n'aimait pas voir Lena comme ça : malade - c'était un fait, il y avait un truc qui ne tournait pas rond chez Elena- et avec les larmes aux yeux. Tu me manques aussi Blackwood. Plus que tu ne le crois. Ces mots-là eurent l'effet d'achever Dora, qui laissa s'échapper une petite larme qu'elle essuya rapidement. C'était déjà un bon début. Elle ne savait pas trop quoi faire, la prendre dans ses bras? C'était peut-être un peu prématuré. Je.. J't'avoue que j'ai pas trop suivi ce qu'il s'est passé. Ça s'est enchaîné tellement vite.. Dora soupira, passa une main fatiguée sur son visage. C'était vrai. Elle était revenue, elle avait senti un malaise avec la team Dream - Drea et Cameron - et Lena était revenue presque après. Ça avait été froid, glacial. Elle s'y attendait. C'était vrai, elle avait ses tords, mais Liev semblait oublier qu'elle avait les siens aussi, mais elle ne le savait pas réellement. C'était tout. Il fallait juste remettre les pendules à l'heure. Et c'est à ce moment-là qu'un déclic s'est fait dans la tête à Dora. Elle releva brusquement la tête. T'es revenue, pendant que j'étais à NY, c'est ça? Elle se frappa le front, se détournant légèrement, bouche bée. Cameron et Drea, ils allaient l'entendre. Ils n'étaient pas réellement la raison pour laquelle son amitié avec Lena était foutue en l'air, mais ils auraient pu essayer d'arranger les choses. Ça avait toujours été clair, avec Cameron : s'il savait quelque chose à propos de Lena et d'un supposé retour, il était supposé la contacter. Ou du moins, le temps qu'elle était à Woodsboro, lui en parler. Il était censé l'appeler! Elle avait reçu trois appels pendant qu'elle était à NY. Un de Caleb, auquel elle avait répondu. Un de son père, qu'elle avait ignoré. Et un de Drea. Elle avait décroché, il était hésitant, puis, après lui avoir rapidement demandé si ça allait, avait raccroché. L'enfoiré. J'arrive pas à le croire qu'ils m'aient fait ça..

Toutes ces années à crier sur tous les toits que les Bliev règneraient ensemble, envers et contre tout. Tout ça avait l’air bien loin derrière elles. Ces rires, ces chamailleries, ces câlins, ces regards complices. Finalement, elles n’étaient pas si fortes qu’elles ne le pensaient. Du moins, Lena s’était sentie trahie et presque délaissée par la personne qui comptait le plus à ses yeux. Hors de sa famille, il n’y avait qu’elle qui la connaissait et qui pouvait décrypter ses sentiments en un instant. Dora n’avait même pas besoin de lui parler pour la comprendre, et vis versa pour Lena. Mais, tout a basculé il y a deux ans. Lena venait de passer une période difficile et la personne idéale et qu’elle attendait de revoir plus que tout, c’était sa sœur de cœur. Celle qui l’aurait soutenu pendant ses moments les plus douloureux moralement. D’ailleurs, elle avait l’impression que plus les mois passés, plus leur relation se dégradait et plus elle avait du mal à remonter la pente. Les problèmes ne cessaient pas de lui tomber dessus. Bien que Drea était là pour la réconforter et la conseiller, il lui fallait cette dose de Blackwood quotidienne, qui lui manque depuis trop de temps à présent. Se retrouver ce soir-là face à elle la bouleversait complètement. Elle avait prit l’habitude de l’éviter, de ne plus parler d’elle. Là, Lena n’avait pas pu s’empêcher de lui avouer la vérité. Peut-être que ses hormones en étaient pour quelque chose aussi, mais au moins, c’était dit et elle était sincère. Voir ensuite la petite larme de Dora couler sur sa joue lui fit un pincement au cœur. Elle détestait la voir dans cet état, culpabilisant quand même un peu d’en être arrivée là avec elle. Lena baissa son regard, tenant son masque de Catwoman dans sa main. Autant dire que son maquillage était aussi détruit avec son rouge à lèvres qui était parti en live et son mascara qui avait légèrement coulé à cause des quelques petites larmes qu’elle avait aux yeux. Mais, le plus important, c’était qu’elles mettent les choses au clair, seule à seule pour une fois. Lena ne dit rien et la laissa méditer, se sentant complètement mal devant elle mais sa question la surprit grandement. N’était-elle donc pas au courant finalement ? A vrai dire, elle n’avait cherché à le dire à Dora puisqu’elle lui en voulait terriblement. Par contre, Cameron et Drea étaient tout à fait au courant et capable de régler leur histoire s’ils avaient fait leur devoir d’ami correctement. Ils les avaient vus se détruire à petit feu en silence, alors pourquoi n’avaient-ils rien fait pour arranger les choses ? Tous pleins de questions se dissipèrent dans la tête de Lena et celle-ci leva les yeux au ciel, en réalisant la situation. Qu’ils nous aient fait ça. Dit-elle en accentuant sa phrase sur le mot « nous ». Lena avait peut-être rien dit, mais ils auraient pu avouer la vraie version des faits, et peut-être les Bliev seraient restées les mêmes malgré tout. Rien ne se serait passé comme cela sinon. Pas de psy, pas de dérapage avec Drea, ni avec Cam, et surtout : pas de bébé. C’était trop pour Lena. Les larmes grossissaient et elle ne pouvait plus regarder Dora après cette découverte. Elle se sentait stupide de leur avoir fait confiance, alors qu’ils avaient la solution à tous leurs soucis. J’avais besoin de toi Dora. Lena ne savait pas quoi lui sortir à part ses véritables sentiments. Alors, elle se décida également à lui dire la vérité sur ce qui s’est passé, ce que les garçons avaient oublié de mentionner dans leurs beaux discours. Je suis revenue ici, six mois après mon stage au Canada et c’est en rentrant à l’appart’ qu’ils m’ont dit que tu n’étais pas là. Pas de messages, pas de coups de fils, rien. Tu n’étais pas là. Alors, je suis repartie chez mon père. De toute façon, j’avais l’impression d’être en trop à Woodsboro sans toi. Mais un an après, quand je suis rentrée pour de bon, tu faisais comme si rien ne s’était passé. Enfin, je pensais que ces deux-là t’avaient évidemment mis au courant. Elle avait l’impression qu’elle venait d’enlever un poids sur sa conscience en dévoilant tout cela. Ca lui faisait du bien de se confier à sa meilleure amie qu’elle perdait de jour en jour. Je t’en voulais. Je t’en voulais de m’avoir rien dit. Je t’en voulais de m’avoir mis à l’écart. Je .. Elle ne pouvait plus continuer. Sa gorge se serrait et les lames coulèrent une par une sur ses joues. Le message était passé de toute manière, mais ça lui brisait le cœur de dire ça à haute voix.